La position apparemment imprenable de Bismarck avait un point faible: l’empereur devait le considérer comme indispensable. Le vieil empereur Guillaume Ier resta fidèle jusqu’à sa mort le 9 mars 1888. Il n’oublia jamais que Bismarck l’avait sauvé du «libéralisme» en 1862. Frédéric III, son fils et successeur, était lié à Bismarck par le souvenir des triomphes Libéral dans l’expression, il était au mieux national-libéral et, comme les autres nationaux-libéraux, aurait fait sa paix avec Bismarck en échange de quelques concessions. Il était déjà mourant quand il prit la couronne, et son règne de 99 jours s’est terminé le 15 juin 1888.
Guillaume II, troisième et dernier empereur allemand, n’avait aucun souvenir des dangers passés ou des victoires passées pour le lier à Bismarck. Il représentait la nouvelle Allemagne qui ne connaissait pas de modération, l’Allemagne sûre d’elle-même qui ne reconnaissait aucune limite à Puissance allemande. En même temps, il était impatient avec Bismar le conservatisme social de ck, qui semblait éloigner l’empereur de la masse de ses sujets.
Le différend est venu à un point critique après l’élection générale de 1890. Bismarck n’avait pas réussi à faire entendre un cri national et n’avait pas réussi à mener l’élection. La coalition bismarckienne des conservateurs et des nationaux libéraux est passée de 220 à 135; les radicaux, le centre et les sociaux-démocrates passèrent de 141 à 207. Bismarck voulait déchirer la constitution impériale qu’il avait lui-même faite et instaurer une dictature militaire nue. Guillaume II était déterminé à continuer sur la voie de la démagogie, faisant appel encore plus fortement au sentiment national allemand. Il y avait, bien sûr, aussi des éléments de conflit personnel. Bismarck s’est opposé à l’ingérence de l’empereur sur des questions de politique, tandis que William s’est opposé aux tentatives de Bismarck de manœuvrer avec les chefs du parti, en particulier avec Ludwig Windthorst, le chef du Centre. C’était essentiellement un affrontement entre l’ancienne Allemagne Junker, qui tentait de maintenir la modération pour des raisons de conservatisme, et la nouvelle Allemagne impérialiste, qui était sans modération. Une fois que Bismarck s’était disputé avec l’empereur, il n’avait aucun soutien réel, car il avait toujours combattu les partis des masses allemandes. Il essaya sans succès d’organiser une grève des ministres prussiens. Finalement, il a été opposé même par les chefs de l’armée. Le 18 mars 1890, il fut contraint de démissionner.