La valeur du consulat résidait dans le lucratif poste de gouverneur de province auquel il conduirait normalement. A la veille des élections consulaires de 59 avant notre ère, le Sénat a cherché à attribuer aux deux futurs consuls pour 59 avant JC, comme leurs provinces proconsulaires, la surveillance non rentable des forêts et des pistes de bétail en Italie. Le Sénat a également assuré par une corruption massive l’élection d’un anti-césarien, Marcus Calpurnius Bibulus. Mais ils n’ont pas réussi à empêcher l’élection de César en tant qu’autre consul.
César a maintenant réussi à organiser une irrésistible coalition de chefs politiques. Pompée avait accompli sa mission de mise en ordre de l’Orient avec un succès notable, mais après son retour en Italie et la dissolution de son armée en 62 av.J.-C., le Sénat l’avait contrecarré – notamment en l’empêchant d’obtenir des terrains pour ses vétérans. César, qui avait cultivé assidûment l’amitié de Pompée, conclut maintenant un pacte secret avec lui. Le coup de maître de César a été de persuader Crassus de rejoindre le partenariat, le soi-disant premier triumvirat. Crassus – comme Pompée, un ancien lieutenant de Sulla – avait été l’un des obstructeurs les plus actifs de Pompée jusqu’à présent. Seul César, en bons termes avec les deux, était en mesure de les réconcilier. Au début de 59 avant notre ère, Pompée a scellé son alliance avec César en épousant la fille unique de César, Julia. César a épousé Calpurnia, fille de Lucius Piso, qui est devenu consul en 58 avant JC.
En tant que consul, César a présenté un projet de loi pour l’attribution des terres publiques romaines en Italie, sur lequel la première charge devait être une disposition pour les soldats de Pompée. Le projet de loi a été opposé par son veto par trois tribuns de la plèbe, et le collègue de César, Bibulus, a annoncé son intention d’empêcher la transaction des affaires publiques en surveillant le ciel pour des présages chaque fois que l’assemblée publique était convoquée. César a ensuite effrayé l’opposition en employant certains des vétérans de Pompée pour faire une émeute, et la distribution a été effectuée. Le règlement de Pompée de l’Est a été ratifié en bloc par un acte négocié par un agent de César, la tribune de la plèbe Publius Vatinius. César lui-même a initié un acte non controversé et indispensable pour punir les fautes des gouverneurs de provinces.
Un autre acte négocié par Vatinius a donné à César la Gaule cisalpine (entre les Alpes, les Apennins et l’Adriatique) et Illyricum. Son mandat devait durer jusqu’au 28 février 54 avant JC. Lorsque le gouverneur désigné de la Gaule transalpine mourut subitement, cette province fut également assignée à César à la demande de Pompée. La Gaule cisalpine offrit à César un terrain de recrutement militaire; La Gaule transalpine lui a donné un tremplin pour les conquêtes au-delà de la frontière nord-ouest de Rome.
Entre 58 et 50 avant JC, César a conquis le reste de la Gaule jusqu’à la rive gauche du Rhin et l’a subjuguée si efficacement qu’elle est restée passive sous la domination romaine tout au long des guerres civiles romaines entre 49 et 31 avant JC. Cette réalisation était d’autant plus étonnante que les Romains ne possédaient pas de grande supériorité en équipement militaire sur les barbares d’Europe du Nord. En effet, la cavalerie gauloise était probablement supérieure au romain, cavalier pour cavalier. La supériorité militaire de Rome résidait dans sa maîtrise de la stratégie, des tactiques, de la discipline et du génie militaire. En Gaule, Rome avait également l’avantage de pouvoir traiter séparément des dizaines d’États relativement petits, indépendants et peu coopératifs. César les a vaincus au coup par coup, et la tentative concertée faite par un certain nombre d’entre eux en 52 avant JC de se débarrasser du joug romain est arrivée trop tard.
Aussi formidable que soit cette réalisation, son importance relative dans la carrière de César et dans Roman l’histoire a été surestimée dans la tradition occidentale (tout comme ses brefs raids sur la Grande-Bretagne). Dans l’esprit de César, sa conquête de la Gaule n’a probablement été réalisée que comme moyen de parvenir à sa fin ultime. Il acquérait la main-d’œuvre militaire, le pillage et le prestige dont il avait besoin pour s’assurer une main libre pour la poursuite de la tâche de réorganiser l’État romain et le reste du monde gréco-romain. Cette dernière réalisation de César se profile beaucoup plus loin que sa conquête de la Gaule, quand elle est considérée dans le cadre plus large de l’histoire mondiale et pas seulement dans le cadre plus étroit de la civilisation fille actuelle de la civilisation gréco-romaine en Occident.
En 58 av.J.-C., la frontière nord-ouest de Rome, établie en 125 av.J.-C., s’étendait des Alpes sur la rive gauche du Rhône supérieur jusqu’aux Pyrénées, longeant le pied sud-est des Cévennes et comprenant le bassin supérieur du Garonne sans atteindre la rive gauloise de l’Atlantique. En 58 avant notre ère, César intervint au-delà de cette ligne, d’abord pour refouler les Helvètes, qui avaient migré vers l’ouest depuis leur domicile dans ce qui est aujourd’hui la Suisse centrale. Il a ensuite écrasé Ariovistus, un soldat allemand de fortune d’outre-Rhin. En 57 av.J.-C., César a maîtrisé le lointain et guerrier groupe belge de peuples gaulois dans le nord, tandis que son lieutenant Publius Licinius Crassus a maîtrisé ce qui sont maintenant les régions de Normandie et de Bretagne.
En 56 avant JC, les Vénètes, dans ce qui est maintenant la Bretagne méridionale, a commencé une révolte dans le nord-ouest qui a été soutenue par le Morini encore invaincu sur la côte gauloise du détroit de Douvres et le Menapii le long de la rive sud du Rhin inférieur. César reconquit les Vénètes avec quelque difficulté et les traita avec barbarie. Il ne put achever la conquête des Morini et Menapii avant la fin de la saison de campagne de 56 avant JC; et au cours de l’hiver 56–55 avant notre ère, les Menapii furent temporairement expulsés de leur foyer par deux immigrants allemands, les Usipetes et les Tencteri. Ces peuples ont été exterminés par César en 55 avant JC. La même année, il franchit le Rhin juste en dessous de Coblence pour attaquer l’Allemagne de l’autre côté du fleuve, puis traversa la Manche pour attaquer la Grande-Bretagne. En 54 avant notre ère, il attaqua à nouveau la Grande-Bretagne et subit une grave révolte dans le nord-est de la Gaule. En 53 avant notre ère, il subjugua de nouvelles révoltes en Gaule et franchit à nouveau le Rhin pour un deuxième raid.
La crise de la guerre des Gaules de César est survenue en 52 avant notre ère. Les peuples du centre de la Gaule ont trouvé un chef national dans le Vercingétorix arvernien. Ils ont prévu de couper les forces romaines de César, qui avait été hivernant de l’autre côté des Alpes. Ils ont même tenté d’envahir l’extrémité ouest de l’ancienne province romaine de Gallia Transalpina. Vercingétorix voulait éviter les batailles et les sièges rangés et vaincre les Romains en coupant leur suppl ies – en partie par des opérations de cavalerie et en partie par la «terre brûlée» – mais il ne put persuader ses compatriotes d’adopter sans réserve cette douloureuse politique.
Les Bituriges insistèrent pour tenir le siège de leur ville Avaricum (Bourges), et Vercingetorix n’a pas pu le sauver de la prise d’assaut dans un délai d’un mois. César assiégea alors Vercingétorix à Gergovia près de l’actuel Clermont-Ferrand. Une tentative romaine de prendre d’assaut Gergovia a été repoussée et a entraîné de lourdes pertes romaines – la première défaite pure et simple que César avait subie en Gaule. César a alors vaincu une attaque contre l’armée romaine en marche et a pu ainsi assiéger Vercingétorix à Alésia, au nord-ouest de Dijon. Alésia, comme Gergovia, était une position d’une grande force naturelle, et une grande armée gauloise vint la relever; mais cette armée fut repoussée et dispersée par César, et Vercingétorix capitula alors.
Au cours de l’hiver 52-51 av.J.-C. et de la saison de campagne de 51 avant JC, César écrasa un certain nombre de révoltes sporadiques. Les plus déterminés de ces rebelles étaient les Bellovaci, entre la Seine et la Somme, autour de Beauvais. Une autre force rebelle a été assiégée au sud dans la forteresse naturelle d’Uxellodunum (peut-être le Puy d’Issolu sur la Dordogne) jusqu’à ce que son approvisionnement en eau cède. César a eu les mains coupées des survivants. Il a passé l’année 50 avant JC à organiser le territoire nouvellement conquis. Après cela, il était prêt à régler ses comptes avec ses adversaires à domicile.